« Le TGV en provenance de Dublin et à destination de Greenfields entrera en gare voie 4, merci de vous éloigner de la bordure du quai. » Cette voix qui résonne jusqu’à mes oreilles me fait un mal de chien. Ca fait deux semaines que je suis parti de Greenfields en espérant qu’en partant ailleurs pendant quelques temps, ça aille mieux, mais la vérité c’est que ce n’est pas du tout le cas. J’ai toujours cette grosse boule au ventre lorsque je pense à elle, ma gorge nouée lorsque je tente d’avaler quelque chose. La douleur est bien trop présente pour que ça passe. Sans compter les larmes qui me montent souvent aux yeux dès lors qu’un souvenir me monte à la tête, comme souvent d’ailleurs. J’ai partagé tellement de choses avec Eileen qu’il en devient impossible de ne pas penser à elle à chaque fois que je fais quelque chose et je me rends compte à présent à quel point, en la perdant, je ne suis plus rien, à part un homme qui tente de survivre, mais qui ne vit plus. Peut-être bien parce qu’au fond de moi, un espoir réside. Ca ne fait que trois semaines et je ne réalise pas encore tout à fait qu’elle ne sera plus jamais là, le deuil n’est pas encore fait et je crois qu’il mettra sans doute très longtemps avant d’être fait.

Doucement, j’attrape ma petite valise et je marche vers la voie en question, la tête pleine. C’est alors que mon portable sonne et j’aperçois le prénom de « Renny ». En partant de Greenfields, j’ai coupé court avec mon entourage, sauf quelques personnes, dont un ami qui est serveur dans mon bar et qui gère ce dernier en attendant mon retour. Je savais bien évidemment que je reviendrai, mais je ne savais pas quand et le moment est peut-être venu, à présent, d’arrêter de fuir. La sonnerie s’arrête, Renny, ma meilleure amie a abandonné pour laisser un message sur mon répondeur. Après quelques secondes d’hésitation, je l’écoute avec le cœur serré. « Dale, ça fait deux semaines… Tu me manques. Je suis désolée. Appelle-moi. » Tous les deux étions très proches. On se connait depuis le lycée dans lequel j'accédais clandestinement, on est même sorti ensemble pendant quelques temps, avant que je fasse de la prison, mais elle a cassé suite à ça. Si je ne lui adresse plus la parole pour le moment, c’est pour une raison assez particulière.

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FLASH BACK

Ca faisait seulement quelques jours que je n’avais plus Eileen près de moi, quelques jours que je peinais réellement à rentre chez moi, dans cet appartement qui me rappelait trop cette femme qui vivait avec moi. Ca me faisait tant de peine de voir son sac qu’elle laissait sur la table, ou ses nombreuses paires de chaussures qui rôdaient dans l’appartement, un peu partout. Elle se plaignait tout le temps de ne pas retrouver les deux chaussures. Ce n’était pas le genre de femme à être extrêmement ordonnée et ça m’énervait énormément, mais elle finissait toujours par faire un effort.

Ne pouvant entrer dans notre chez nous, l’un des rares coins qui n’a pas été brûlé, à se demander pourquoi, bien que j’en étais soulagé, puisque c’était tout ce qui me restait d’elle, je passais mon temps à errer dans mon bar, à boire plusieurs verres d’alcool, jusqu’à en devenir ivre et à parler seul du malheur qui m’arrivait. C’est là que Renny est entrée dans le bar et a posé sa main sur mon épaule. « Ca fera quatre ans dans un mois. » Soufflai-je, sachant qu’elle pouvait comprendre. Renny s’installa près de moi pour me réconforter, en essayant de me donner les bons mots qui pourraient me faire retrouver le sourire, mais c’était impossible. J’en avais gros sur le cœur, je n’en pouvais plus à prendre toujours sur moi, à faire comme si tout allait bien aux yeux de tous, alors qu’au fond, et je pense que ça se remarquait malgré moi, j’étais tellement détruit. D’un seul coup, je me levai, donnait un coup de pied dans le tabouret qui se renversa sous le choc, pour ensuite m’énerver contre un mur en donnant des coups de poing. C’est là que ma meilleure amie s’est approchée de moi, posant à nouveau sa main sur mon épaule afin de me forcer à me retourner. Ses bras s’enroulaient autour de moi, sa main attira mon visage au creux de son cou et elle me réconforta du mieux qu’elle pouvait, avant de coller son front contre le mien, de caresser ma joue, le regard attristé, puis de poser ses lèvres sur les miennes afin de me voler un baiser. J’avoue, tout m’a échappé. Je n’ai pas compris et je crois qu’elle l’a compris, puisque je ne lui ai pas rendu le baiser. Je l’ai juste regardé avec un air d’incompréhension, avant de m’éclipser du bar, sans lui adresser un seul mot. Je n’avais pas trouvé ça correct de sa part de me faire un coup pareil, surtout que l’on avait mis du temps à se retrouver, et là, elle merdait encore.

J’entre dans le train, cherche ma place en observant toutes les personnes autour de moi qui s’installent. Lorsque ma place est trouvée, je place ma petite valise en hauteur et prend place sur mon fauteuil, en collant ma tête contre la vitre. Au bout de quelques minutes, le train ne tarde pas à démarrer, alors que mon cœur se resserre. Me voilà à nouveau dans un aller vers Greenfields. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, à différence qu’avant, je n’étais pas dans la ville de Cork, mais plutôt à Dublin. C’est là-bas que je suis né, par des parents qui me sont inconnu. J’ai vécu pendant quelques années dans un orphelinat, avant de prendre la fuite à mes 12 ans, et de partir en vadrouille avec un ami, celui qui est devenu mon meilleur ami et qui travaille d'ailleurs avec moi au bar en me remplaçant ces derniers temps. Il a toujours été là, dans les moindres moments, qu’ils soient difficiles ou non. C’est le premier qui m’a encouragé à aller vers Renny au lycée, c’est l’une des rares personnes à avoir été me voir en prison, c’est aussi le premier à m’avoir demandé de faire attention lorsque j’ai commencé à voir la fille du maire, Eileen, et aussi lorsque j’ai repris contact avec Renny. Il a toujours été là, à me dire ce que je voulais entendre, comme ce que je ne voulais pas entendre. Ou encore le premier à me faire rire avec ces conneries… C’est d’ailleurs par sa faute que j’ai fais la rencontre d’Eileen et je ne le regrette absolument pas.

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FLASH BACK

« Something that I want, something that I tell myself I need, something that I want, and I need everything I see. » J’étais sorti de l’arrière boutique pour entendre cette voix totalement ivre. Mon regard se posa alors sur la silhouette qui chantait en se trémoussant sur la scène. C’était Eileen. J’avais à peine 20 ans à l’époque, mon bar était ouvert depuis seulement quelques mois, et elle n’en avait même pas 18. Dans quelques mois, elle allait être majeure, mais elle ne l’était pas et mon meilleur ami avait fait la connerie de la faire boire. « Tu lui as fait boire combien de verres ? » Demandai-je, sans quitter du regard la scène qu’elle nous offrait. Allister avait un petit sourire, amusé, tout en nettoyant quelques verres. « Oh, je sais pas, 2 ou 3. Mais ça a été suffisant pour qu’elle soit complètement pétée ! » S’exclama-t-il, déclenchant l’apparition d’un sourire sur mon visage. « Elle est pas majeure ! » Allister fronça les sourcils en hochant la tête par la positive, m’indiquant que si, elle était majeure. « Sur sa carte d’identité, elle l’est. » Il ne me fallu pas deux secondes pour savoir qu’elle avait donné une fausse carte d’identité. Je secouai la tête, le voyant enfin tilter. « C’est la fille du maire. » Un rire s’échappait d’entre mes lèvres dès qu’Allister tira une tête monstre. « Et merde. » Certes, la situation m’amusait, mais il fallait tout de même réparer les dégâts. J’avais déjà fait de la prison pour avoir dealé et ma réputation ne prêtait pas à son avantage, alors s’il fallait en plus que je me mette le maire à dos… Bon, OK, je l’aurais fait, parce que soit, c’était un homme politique, mais la hiérarchie et moi, ça fait deux. Ce pourquoi je travaille à mon propre compte. « T’as le double des clés, je te laisse faire la fermeture. » Dis-je, en m’approchant ensuite de la scène qui était prévue pour le karaoké ce soir-là. La jeune fille continuait de chanter comme une casserole soit dit en passant, mais qu’est-ce que j’aimais l’entendre, pour au final, la taquiner. « Bon ma jolie, c’est terminé, je te raccompagne chez toi ! » M’exclamai-je assez fort pour qu’elle m’entende. Eileen s’arrêta et secoua la tête, jouant la rebelle. « Hors de question ! Je m’amuse bien trop pour ça. » Dit-elle, en ajoutant avec un sourire malicieux. « Si tu veux que je m’arrête, il va falloir me chercher. » Avec une petite moue, j’acquiesçai et montai sur la scène afin de la capturer et de la porter sur mon épaule comme un sac de patates. Bien évidemment, elle ne cessait de se débattre, me criant de la poser sur le sol, mais j’avais bien plus de force et de détermination que ça. Lorsque j’avais quelque chose en tête, j’allais jusqu’au bout. « A plus Lister ! » Mon meilleur ami, lui, était mort de rire. « A demain ! »

C’est comme ça que j’ai fais sa rencontre. Par un pur hasard… Mais il a bien fait les choses. « Lâche-moi, espèce de… andouille ! » Eileen ne connaissait pas les grosses insultes. En fait, elle était loin d’être vulgaire, c’était ce que l’on appelait une dame autrefois. Les seuls mots qui sortaient d’entre ses lèvres, c’était « andouille, imbécile, idiot » et j’en passe, mais c’était à chaque fois des mots plus ou moins gentils et qui me faisaient rire. Finalement, au bout de quelques minutes de marche, je la reposai au sol, non sans une taquinerie. « Rha, ce que t’es grosse ! Tu pèses une tonne ! » Le visage d’Eileen se décomposa, avant qu’elle ne fronce les sourcils et qu’elle ne réplique avec son petit poing habituel qui frappe mon épaule sans me faire mal ; elle avait la force d’un asticot et n’aurait jamais fait de mal à une mouche. « Bon allez, fais pas ta petite capricieuse… » Ajoutai-je, l’air taquin, en lui faisant signe de me suivre, mais elle ne le fit pas. Eileen représentait typiquement la jeune fille rebelle, qui faisait tout pour se faire remarquer. La vérité était qu’elle avait seulement besoin de se sentir vivante, d’être vue comme une femme à part entière et non comme la fille du maire avec qui tout le monde prenait des gants pour ne pas la blesser, juste parce qu’elle venait d’une famille importante. Et je crois que c’est ce qui nous a rapproché, parce qu’à dire vrai, je n’en avais rien à faire de lui dire des choses qui lui plaisaient ou non. « Pourquoi tu veux me raccompagner ? Parce que je suis ivre et que je suis la fille du maire ? C’est pour faire bonne impression devant mon père, hein ? » Quelque part, elle avait raison. C’était en quelque sorte pour réparer les erreurs de mon collègue afin de ne pas descendre encore un peu plus notre réputation. « Tu sais quoi ? Rentre toute seule ! » Et c’était comme ça que je mettais fin à tout ça. « T’es assez grande pour te débrouiller ! » Je me retournai alors, la laissant dans cette petite ruelle sombre, mais au bout d’une courte minute, ses pas résonnaient jusqu’à mes oreilles. « Attends ! Tu ne vas tout de même pas me laisser toute seule ici ! » Et en plus de ça, j’avais à faire à une emmerdeuse. « Ce que t’es chiante. Faudrait savoir. » Dis-je, sans m’arrêter de faire mes grands pas, ce qui l’obligea à accélérer les siens, courant presque derrière-moi avec ses petites chaussures à talons. « Hé, j’aimerais que tu me parles autrement s’il te plaît. » Son ton de voix m’amusait, il était plutôt ferme, mais gardait tout de même un air agréable avec cette formule de politesse. « Oui Mademoiselle, à vos ordres. » Ironique, je lui faisais la révérence, attrapant sa main pour lui déposer un baiser dessus. « Ce que tu peux être bête. » Dit-elle, en riant, imitant mon habitude de poser des « ce que » au début de chacune de mes réflexions. C’était la première fois que je l’entendais rire et j’avoue avoir été charmé.

Seulement charmé, parce qu’à l’époque, j’étais un coureur de jupons. En y repensant, je me mets à sourire, même si la raison pour laquelle je courais les filles sans jamais me poser n’était pas très sympathique, si je pouvais revenir en arrière, je referais la même chose, tout simplement parce que c’était une période où je me retrouvais et où je ne me prenais en aucunement la tête, bien que j’agissais comme un crétin, surtout avec Renny avec qui je vivais une relation libre. Faut dire qu’elle l’avait bien mérité. Certes, j’ai fais des conneries pour faire un an de prison, de mes 18 à mes 19 ans, mais je ne pense pas avoir mérité le fait que Renny me tourne le dos et me laisse tomber après ça, pour ensuite revenir vers moi. Et je peux vous dire que, totalement détaché d’elle, et surtout très rancunier, je ne cessais de jouer avec elle, l’embrassant pour ensuite la repousser. C’était mon quotidien. Et puis, il y a eu Eileen… Une jeune femme qui m’étonnait de jour en jour et qui faisait tout pour que je la remarque, d’une certaine manière et avec tout ce qu’elle faisait pour moi, je l’ai bel et bien remarquée.

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FLASH BACK

On se connaissait déjà depuis un an, Eileen et moi. J’avais 21 ans et elle en avait 19. Nous nous étions déjà bien rapproché, mais ça n’a jamais été plus loin que de l’amitié, bien qu’elle m’attirait au plus haut point. Pourquoi ? Parce que je n’avais aucune confiance en la gente féminine. Avec Renny qui m’avait trahi, je pense que ça pouvait se comprendre et il était hors de question que je me pose. Seulement, Eileen attendait beaucoup plus que des soirées à se délirer, à parler de tout et de rien. Elle attendait vraiment quelque chose de moi que je ne pouvais lui donner. La confiance, encore, mais pour me prouver qu’elle était digne de ça, ce soir-là, elle avait fait quelque chose d’extraordinaire qui m’avait fait halluciner.

La déprime me gagnait, parce que les recettes de mon bar n’étaient pas au top et je savais que si ça continuait ainsi, il allait falloir que je le ferme. J’en avais d’ailleurs parlé à mon meilleur ami qui comprenait. Et puis, ma réputation de taulard faisait que mon bar n’était pas le plus fréquenté, malheureusement. Errant dans les rues de la ville, les mains dans les poches, essayant de trouver une idée en prenant l’air, je sentais mon portable vibrer dans ma poche. Quand je vis le nom d’Allister s’afficher, je répondis sans aucune hésitation. Au bout du téléphone, j’entendais à peine ce qu’il me disait, puisqu’il y avait un bruit de fond atroce. « Lister ? Mais t’es où bon sang ?! » Evidemment, je ne pouvais que m’inquiéter ; il devait gérer le bar ce soir-là. « Ramène-toi au bar ! » S’exclama-t-il, pour la énième fois et un peu plus fort afin que je l’entende. Ni une, ni deux et je raccrochai pour me précipiter vers mon deuxième chez moi et arrivé près de celui-ci, je me stoppai net, les yeux ronds ; l’entrée était bondée et une foule de personnes attendait à l’extérieur. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de mal à me frayer un chemin vers l’intérieur et en voyant la raison d’une telle queue, je compris pourquoi. Sur la scène, il y avait un groupe de musique assez connu. J’avais entendu qu’il passait en ville ces derniers temps, mais je n’aurais jamais cru le voir défiler dans mon bar ! « Mais… » Je regardai mon meilleur ami sans terminer ma phrase, sachant très bien qu’il avait compris que je lui demandais des explications et en réponse, il m’avait fait un signe de la tête pour me montrer la cause de tout ça. « Cette fille est incroyable ! Depuis qu’elle a ramené le groupe ici, on fait énormément d’entrées ! Et les consommations vont bon train ! Ils n’arrêtent pas de picoler ! » S’exclama Allister, heureux comme tout, alors que je me focalisai sur Eileen, croisant son regard tendre et apercevant son petit sourire timide au coin des lèvres. « Merci. » Soufflai-je, sans prononcer le mot de vive voix, mais en articulant bien afin qu’elle puisse lire sur mes lèvres.

Et je peux vous dire que toute la soirée, on n’a pas cessé de bosser, puisqu’il y a eu un mini concert qui a fini très tard. Depuis ce jour-là, d’ailleurs, le bar est devenu fréquenté de beaucoup de monde. Il marche de bouche à oreille et je suis fier de savoir qu’il est l’un des bars les plus peuplés. Grâce à elle. C’était juste parti d’elle… Elle que j’ai approché par la suite, en soirée, pour la remercier de vive voix cette fois-ci, avant qu’elle ne me dise quelque chose qui m’a mis la puce à l’oreille. « Tu peux avoir confiance en moi. Ca fait qu’un an qu’on se connait, mais je ne suis pas le genre de filles qui pourrait te tourner le dos du jour au lendemain… Et je… Je… » D’un coup, elle s’était mise à rougir et à baisser son regard, certainement embarrassée par ce qu’elle allait me dire. « Je crois que je… je suis capable de te faire sourire comme aujourd’hui, si… » J’avais eu peur de ce qu’elle pouvait me dire ensuite, mais j’étais curieux de savoir. Seulement, Eileen n’avait pas eu le courage de terminer ce qu’elle avait commencé. Cependant, je n’étais pas idiot. La question qui se posait à présent, était « est-ce que je me sentais prêt à tenter quelque chose ? ». En tout cas, sur le moment, je m’étais complètement lâché, rapprochant au plus près mon visage du sien, soufflant sur son visage, puis tirant sa lèvre inférieure avec une certaine sensualité. « Tu crois… ? » Murmurai-je, malicieux, en reculant de quelques pas sans la quitter du regard pendant quelques secondes, avant de me retourner ensuite. C’était foutu, j’avais commencé à jouer et à l’aimer, aussi.

Notre histoire est née quelques mois plus tard. Là encore, je m’en souviens très bien, puisque c’est là où j’ai déraillé, laissant mes principes de côté. Je m’étais pourtant juré de ne plus jamais me poser, de ne plus faire confiance en elles, mais Eileen était différente. C’était une femme qui vous mettait en confiance, sur qui on pouvait compter et qui aurait tout donné pour être avec moi et vivre notre histoire encore plus à fond. Elle ne voulait plus jouer, elle me l’avait dit.

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FLASH BACK

C’était l’un de ces soirs où elle restait jusqu’à la fermeture du bar, avec moi et on avait discuté de tout et de rien, comme à notre habitude. A force, elle allait finir par me connaître sur le bout des doigts. Pendant cette soirée, l’on se taquinait, jouait encore et encore. C’était un véritable jeu du chat et la souris. J’aimais ça, surtout avec elle. Elle m’amusait ! Eileen était susceptible, elle parlait aussi beaucoup et s’énervait pour la moindre chose, mais c’était cette passion que j’adorais tant chez elle. Une passion qui me donnait envie de la prendre dans mes bras, de lui voler un baiser, mais je me retenais à chaque fois, m’en empêchant. Un sourire malicieux sur le visage, la jeune femme avait pris la parole, accoudé sur le comptoir. « C’était sympa, cette soirée, pas vrai… ? » Relevant mon regard vers elle, puis l’horloge, je compris que la soirée touchait à sa fin. J’acquiesçai alors, en même temps qu’elle se levait pour faire quelques pas en arrière, prête à s’orienter vers la sortie. « Fais gaffe, dans quelques temps, tu ne vas plus pouvoir te passer de moi. » Et si c’était déjà le cas ? Joueur, je me rapprochai d’elle en même temps qu’elle reculait vers la porte, jusqu’à ce que bientôt, elle ne puisse plus rien faire. Les mains contre le mur, les miennes sur celui-ci, la bloquant, je soufflai quelques mots au creux de son oreille. « Et si c’était pas plutôt toi, qui ne pouvais plus te passer de moi ? » Dis-je, en effleurant sa joue avec le bout de mon nez, laissant mon souffle s’extirper d’entre mes lèvres afin d’atterrir sur son visage. Mon regard croisa alors le sien et je vis sa bouche qui était entrouverte. Il ne lui fallu pas plus de quelques secondes pour se mettre sur la pointe des pieds, hésitante, poser sa main sur ma nuque et déposer ses lèvres sur les miennes. Le cœur battant, je n’ai pu me retenir de partager le baiser, de le prolonger et d’y mettre de la passion, plaquant complètement Eileen contre la porte, puis la prenant dans mes bras, l’incitant à enrouler ses jambes autour de ma taille. Mes mains devenaient baladeuses, le baiser devenait plus fougueux, jusqu’à ce que je mette fin à tout ça, par manque de souffle. Je me rendais enfin compte de ce que je venais de faire et ça me faisait peur. Parce que je n’avais pas envie de la faire souffrir, qu’elle était bien trop importante à mes yeux pour ça, alors je me reculai de plusieurs pas, la reposant au sol. J’attrapai rapidement ma veste en cuir pour la mettre sur moi, puis les clés du bar. « Daley… » Le cœur resserré, je lui fis signe de me suivre en ouvrant la porte du bar. A l’extérieur, il pleuvait des cordes et je savais qu’il fallait que l’on se dépêche pour rejoindre ma voiture et que je puisse ainsi la raccompagner. « Daley, parle-moi. » Dit-elle, en accélérant le pas, sous la pluie battante, mais je me refusai de m’arrêter. « Arrête-toi s’il te plaît ! » Et puis, finalement, je m’arrêtai et lui fit face, les sourcils froncés, l’air dur. « Quoi encore ?! C’était une belle connerie ce qu’on vient de faire ! Et j’ai vraiment pas envie d’en discuter, OK ? » Eileen secoua la tête, mais j’avais décidé de m’obstiner, alors je repris le chemin, sans que la fille du maire ne me suive. « Tu veux que je te dise Dale ? La vérité c’est que toi aussi tu ressens quelque chose pour moi ! » S’exclama-t-elle, m’incitant à m’arrêter, dos à elle. « Mais t’as tellement pas confiance en toutes les femmes que t’oses prendre aucun risque ! Seulement sache que je ne suis pas Renny et aussi que t’as pas le droit de faire une généralité. » J’avalai difficilement ma salive, ne pouvant pas lui laisser le dernier mot, mais rien ne sortait sur le moment. « Laisse-moi une chance… Je tiens à toi et je suis sûre. Je suis sûre que je pourrais te refaire sourire comme la dernière fois. Je ne crois pas, j'en suis sûre. » Peut-être bien que j’allais le regretter, mais la tentation était bien trop forte et les sentiments trop présents, alors je lui faisais face à nouveau et après quelques secondes, me dirigeai vers elle, posant mes mains sur son visage et dévorant ses lèvres avec passion. Eileen avait réussi à me faire retrouver une partie de moi que j’avais perdue en même temps que de perdre Renny et qu’est-ce que c’était bon…

Notre histoire est née une semaine après, officiellement et après, l’on ne s’est plus jamais quitté… Jusqu’à ce que le destin force les choses. En y pensant, j’en ai encore les larmes aux yeux. « Monsieur ? » Je relève le regard vers un contrôleur, m’apercevant qu’il n’y a plus personne autour de moi. Ca y’est. Je suis à destination et je dois refaire face à la disparition définitive de la femme que j’aime. L’incendie de Greenfields me l’a enlevé et a emporté mon cœur en même temps. A savoir si j’arriverai à vivre normalement après ça… Pas certain.

Evolution :

Avec le temps, Daley a finalement tourné la page sur Eileen. Il s'est tourné vers Renny à qui il a fait un enfant, mais a mal pris la nouvelle. Suite à une dispute, la jeune femme a eu un accident et a perdu le "bébé". Mal au point, se sentant coupable, il s'enfonce dans l'alcool, fait même une expérience avec un homme, enfin, tombe bien bas, mais se relève peu à peu grâce à une personne en particulier ; Noreen, la soeur jumelle de Neal qui entre dans sa vie et qui lui met un rayon de soleil dans celle-ci. Daley en tombe amoureux, au point de penser à s'engager officiellement, mais avant que ça n'arrive, la jolie blonde perd l'usage de ses jambes suite à un accident et, par le chagrin, la peine, et le fait de ne plus savoir gérer correctement les choses, finit par avoir une aventure. Chose qui failli de mettre un terme à leur histoire... Ils se réconcilient finalement, mais plusieurs choses font que ce n'est pas toujours simple ; la grossesse de Noreen, cet enfant qui n'est pas le sien, mais celui de son aventure, et la perte de la garde de sa fille, Delaney, qu'il a appris à connaître en quelques mois et qui est devenue indispensable à sa vie. Sans sa gamine, l'homme est tout simplement vide, ce pourquoi il fait tout pour la récupérer.