« Monsieur Willems ? » Je viens juste de sortir de mon bureau qu’une voix m’interpelle, m’incitant à relever mon regard de mes notes à un homme qui doit avoir le même âge que moi et qui m’adresse un léger sourire, avant de me tendre un projet sur lequel je jette un coup d’œil rapide avant de regarder l’heure qui affiche 21 heures. « Je vous promets que je vais jeter un coup d’œil, mais en attendant rentrez chez vous, il est très tard. » Dis-je, dans un souffle, en lui demandant de filer avec un geste de la tête, mais avec un fin sourire cependant, pour lui prouver que c’est dit gentiment. « Bonne soirée. » Je lui réponds par la même chose et me colle à nouveau sur mes notes. Comment j’en suis arrivé là, déjà… ?

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FLASH BACK

C’était le jour de l’incendie, bon nombre de personnes avaient été blessé par le feu qui avait ravagé la ville de Greenfields. J’étais sur les lieux, à discuter avec mon père au téléphone. Lui était plus éloigné que moi et nous discutions du prochain évènement qu’il allait devoir organiser. Quelque chose d’important et il m’avait sollicité, pour que je vois ce qu’était le métier, puisqu’il souhaitait absolument que je reprenne le flambeau. Même si je n’étais pas un « vrai » Willems, puisque j’avais été adopté, mes parents adoptifs me considéraient tout comme. Ils me considéraient comme un fils et pour moi ils étaient mes vrais parents, même si j’ai ressenti à un moment de ma vie, de connaître mes géniteurs. « Est-ce que tu peux lui demander un devis s’il te plaît ? » J’acquiesçai, comme s’il pouvait me voir, puis demandait au traiteur en face de moi ce qu’avait demandé mon père. Quelques secondes après, j’entendis des bruits étranges au téléphone, des cris, ce qui m’inquiéta. « Qu’est-ce qui se passe ? » D’un ton affolé, mon père m’ordonna d’appeler les pompiers, les urgences et je compris au ton qu’il avait pris que ce n’était pas quelque chose sans conséquence. Immédiatement, je raccrochai pour appeler les services d’urgences et je tombai directement sur une secrétaire qui me disait qu’ils étaient déjà au courant, quelqu’un d’autre les a appelé pour le même problème, et qu’ils allaient venir sur place.

Moi, de mon côté, il n’y avait rien, mais j’avais une mauvaise impression. Seulement, c’était mon père qu’il y avait là-bas et je ne pouvais pas le laisser seul, alors sans aucune hésitation, sachant l’endroit où il se trouvait, je commençai à m’y rendre, avant d’être stoppé par une grosse fumée noire. Je vis les habitants sortir de chez eux, courir. C’était la panique totale. Et moi, je n’avais qu’une idée en tête, c’était de retrouver l’homme qui m’avait éduqué et avec qui j’étais très proche pour me rassurer et me dire que tout allait bien. En marchant en avant, je tentai de le joindre, mais rien. Il ne répondait pas. Et puis, au bout de trente minutes, une main se posa sur mon épaule, me forçant à me retourner. J’avais face à moi un pompier qui m’interdisait d’aller plus loin, malgré mes explications. J’avais plus qu’à attendre, essayant à chaque minute qui passait de le joindre, en vain. Au final, je tombais même sur son répondeur.

Au bout d’une heure, pendant laquelle je vis défiler de nombreux blessés, je le vis, enfin. Immédiatement, je me levai pour prendre sa main et j’observai les nombreuses blessures graves qu’il avait, pour ensuite le suivre dans l’ambulance et l’accompagner au son de ma voix, essayant de le rassurer et surtout, de le maintenir en vie.

Arrivé à l’hôpital, ils l’emmenaient dans un bloc, me laissant dans le couloir avec seulement mes yeux pour pleurer, mais fier comme j’étais, je n’aurais pas versé une goutte. « Neal ! » Je me retournai face à cette voix qui ne m’était pas inconnue et je la vis, en train de courir vers moi et enrouler ses bras autour de mon cou en même temps que ses lèvres venaient de s’échouer sur les miennes. Je savais que ce n’était pas bien, que c’était la fiancée de mon « vrai » frère que je venais de retrouver quelques mois plus tôt, après de longs échanges par courriel, mais c’était aussi la femme avec qui j’avais passé une grande partie de ma vie, de nombreuses années, une jeune femme qui m’importait énormément et sur le moment, j’avais besoin d’elle, de ses bras pour me réconforter, de ses lèvres pour me donner de l’amour, de la tendresse, ce pourquoi je me surpris moi-même à prolonger le baiser, le cœur battant à cent à l’heure, alors que mes bras s’enroulaient autour de sa taille, pour la tenir bien contre moi et faire en sorte qu’elle ne s’éloigne pas. Par manque de souffle, le baiser s’arrêta et nos regards se croisèrent. « J’ai eu tellement peur pour toi ! Je me suis imaginée plein de films et… » C’est sans doute là que Caelin a compris que ses sentiments étaient plus forts pour moi que pour son fiancé. Il faut dire que notre histoire a été particulièrement forte… Et qu’aucune personne qu’on a pu connaître, que ce soit mes ex ou les siens, n’ont été à la hauteur de ce que nous avons vécu ensemble. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Demanda-t-elle, en posant sa main sur ma nuque qu’elle caressa du bout des doigts. Elle n’en avait pas le droit, mais elle le faisait tout de même, profitant d’un instant particulier qu’on n’allait sans doute pas vivre de sitôt. « Mon père est blessé. Il est… » Je sentais mon cœur s’emballer et la peine s’emparer de moi rien qu’en pensant qu’il pourrait disparaître. « Ça va bien se passer. Il va s’en sortir. » Avait-elle dit, alors que j’acquiesçai pour faire semblant que je positivais. Au fond, je ne savais pas ce qui allait se passer et ça me faisait peur.

L’attente devenait insupportable. Ça faisait déjà plus de trois heures… Et mon frère venait de nous rejoindre pour me soutenir. Il ne se rendait pas compte que c’était une torture de l’avoir près de moi après ce que je venais de faire et j’imagine que Caelin devait se sentir coupable aussi, puisqu’elle n’osait dire aucun mot. Doucement, elle posa sa main sur la mienne et m’adressa un sourire qui se voulait réconfortant. C’est alors qu’un médecin m’interpella et immédiatement, je me levai pour lui faire face et être à sa hauteur, afin d’écouter ce qu’il allait me dire. L’expression de son visage ne me disait rien de bon et en effet, il commença sa phrase par « Je suis désolé… ». La suite, je ne l’ai pas entendu, bien que c’était important puisqu’il semblait expliquer les causes de la mort de mon père adoptif, sauf que je me focalisais sur les premiers mots. La main de mon frère se posa sur mon épaule et je sentis le regard attristé de Caelin sur moi. J’aurais peut-être du les rassurer en leur disant que tout allait bien, mais sur le moment, je n’avais qu’une seule envie, c’était de rester seul, ce pourquoi je sortis en trombe de l’hôpital, sans un seul mot.

C’est comme ça que j’ai du reprendre l’affaire de mon père. C’était son souhait, alors je me suis tenu à ça et puis, j’avoue que ça me plait bien de diriger cette agence… C’est très sympa ! Sauf que je me tape l’organisation du mariage de Caelin et de Breasal. Là, en revanche, ce n’est pas du tout joyeux et c’est même plutôt malsain. Ce n’est pas Caelin qui m’a proposé ça, mais plutôt mon frère qui me l’a ordonné, parce que ça lui faisait plaisir. Caelin, elle, ça la gênait. Je voyais bien qu’elle était mal à l’aise à cette proposition et qu’elle n’y tenait pas spécialement, mais comment le dire à Brea’ sans lui avouer que l’on a eu une histoire longue de cinq ans et que les sentiments ne se sont pas estompés avec le temps. Je n’ai eu d’autres choix que de dire non, de toute façon. Sinon, il allait se douter de quelque chose… Peut-être que j’aurais du mettre ça sur l’excuse que je n’avais pas spécialement la tête à organiser quelque chose. Enfin, maintenant c’est fait et c’est très difficile. Difficile de passer du temps avec Caelin sans discuter de ce qu’il y avait entre nous… D’ailleurs, on n’a pas pu y échapper.

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FLASH BACK

Nous étions dans une boutique de mariage, ce qui était plutôt particulier puisqu’il s’agissait de sa robe de mariée. C’était les essayages et étant donné que la tradition veut que le futur marié ne voie pas la robe, Caelin m’avait demandé de venir avec elle. Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté, peut-être bien pour que je réalise qu’elle allait se marier avec mon frère et qu’il était grand temps que je passe à autre chose. Seulement, ça ne s’était pas passé comme j’aurais pu l’imaginer. « T’en mets du temps, t’es bien une femme ! » M’exclamai-je, avec humour. « Si tu savais le temps que ça prend de mettre cette… cette chose ! » Dit-elle en réponse, me déclenchant un rire. « Rhaaa !! Neal… Est-ce que tu veux bien m’aider, pour ma fermeture… ? » L’hésitation était là, mais je sentais qu’elle s’énervait dans la cabine, ce pourquoi j’avais pris mon courage à deux mains pour ouvrir le rideau et le refermer derrière nous. Evidemment, de la voir comme ça, ça me faisait un choc. J’avais toujours pensé qu’elle porterait une robe blanche pour moi et finalement, elle était pour mon frère. Après avoir avalé difficilement ma salive, j’arrêtai de la reluquer de haut en bas afin de me focaliser sur la fermeture que je faisais doucement remonter, effleurant sa peau douce du bout des doigts, le cœur battant à cent à l’heure. Caelin me faisait un effet dingue, à tel point que j’étais complètement déstabilisé et elle s’en est rendue compte. « Est-ce que ça va… ? » Demanda-t-elle, en me regardant dans le miroir. J’acquiesçai d’un signe de la tête et tentai un sourire pour la rassurer, mais elle n’était pas dupe. Caelin se retourna pour me faire face, l’air tout aussi perdu que moi. « J’aurais pas du te demander de venir, je suis désolée. » Je voyais bien qu’elle souffrait tout autant que moi de la situation, que ce n’était pas simple pour elle et qu’elle ne s’amusait pas de ce qui se passait, d’avoir fait « tombé » deux frères dans ses « filets ». Après un silence, la jolie brune reprit la parole. « Dis-moi que tu m’aimes. » J’étais surpris par sa demande, mais j’en mourrais d’envie. Combien de fois depuis son retour à Greenfields, j’en avais eu envie sans l’avoir fait par principe, par respect aussi. « Caelin… » Soufflai-je, en secouant la tête, non pas parce que je ne l’aimais pas, mais parce qu’elle n’était pas disponible. « Je t’en prie. » La tête baissée, mon ex me demandait cette faveur. En cinq ans de relation, j’ai du lui dire une seule fois et je sais que ça lui a toujours manqué. Si je venais qu’à lui dire là, maintenant, ça lui donnerait une preuve que mon amour à son égard était toujours là. Est-ce que c’était vraiment ce qu’il fallait faire ? « Je… » J’étais sur le point de les prononcer, ces trois mots ! Sauf que j’ai finalement décidé de jouer la carte de la raison. « Tu feras une très belle mariée… » Le cœur lourd, je la vis fermer les yeux et verser quelques gouttes salées sur ses joues. Je n’aimais pas la faire pleurer, je me suis toujours battu pour lui donner le sourire, mais ça n’a pas suffit pour la rendre heureuse. « Oh non, Caelin ne pleure pas. Tu sais très bien que j’aime pas ça et… » Je n’ai pas eu le temps d’en dire plus que la jeune fille se blottit dans mes bras, en pleurant. « Tu l’aimes ? » Une femme qui allait épouser un homme qu’elle aimait ne pouvait pas se mettre dans un tel état, ce pourquoi je m’étais permis de poser cette question qui a eu pour seule réponse un grand silence. Je compris que ce n’était pas le cas et je supposais que c’était son père qui faisait des siennes, pour ne pas changer.

Dans ma voiture, je regarde les préparatifs du mariage en pensant à ce qu’elle m’avait demandé. Avait-elle vraiment besoin que je lui dise mes sentiments à son égard pour savoir que je l’aimais comme un dingue ? Je hais son père pour nous avoir fait ça. Si l’on est dans une situation aussi conne que celle-ci, c’est à cause de lui. Quand j’y repense, il a toujours tout foutu en l’air. Ma relation avec sa fille à qui je promettais pourtant la lune, mais ça ne lui suffisait pas. Non, lui, ce qui l’intéressait, c’était l’argent. Il fallait une famille plus fortunée, tout comme sa propre famille. Les riches vont avec les riches et les pauvres avec les pauvres. Voilà, c’était sa devise. Et que je sois à un grade en-dessous du sien ne lui convenait pas, ce pourquoi il a déménagé avec Caelin, l’emmenant loin de moi. J’avais bien essayé de la joindre, mais elle avait changé de numéro, certainement à cause de lui. Moi, je n’avais jamais changé, espérant secrètement qu’elle me contacte un jour.

Je n’aurais jamais cru que le jour où je la reverrais serait dans les bras d’un autre.

Evolution :

Alors que Neal "jouait" avec Caelin à un jeu de séduction, en même temps qu'elle était avec son frère, il côtoyait une autre femme, depuis un an déjà, Jayzaleen. Trop absorbé par les souvenirs du passé, il ne voyait pas que celle qui le rendait réellement heureux, c'était elle, cette jeune femme qui lui rendait le sourire et lui faisait oublier tous ses problèmes. Cette femme qu'il a aimé dès le premier regard, sans même s'en rendre compte, à cette fameuse soirée où son pote la présentait à lui ; c'était sa soeur et donc une personne inaccessible. Et pourtant, ça ne l'a pas empêché de se rapprocher d'elle, de devenir son ami, son amant, jusqu'à devenir son petit-ami. Tout s'enchaînait rapidement ; la grossesse de Jayzaleen, les fiançailles provoquées par la demoiselle. Alors que le mariage approchait à grand pas, que la grossesse était déjà arrivée au bout des 6 mois, que le bonheur semblait être maître de leur vie, une fusillade éclata au centre commercial et bascula toute sa vie ; plus de jumeaux, plus de Jayzaleen... Bien qu'elle soit vivante, sa fiancée n'a pu supporté ce qui se passait, mais Neal n'est plus que l'ombre de lui-même depuis qu'elle n'est plus là et il se raccroche à la seule chose qui lui reste d'elle : sa meilleure amie, Isobel.

7 lettres. Divorce. Sept malheureuses lettres qui ont changé bien des choses, dont la confiance qu'il pouvait avoir auprès des femmes, son envie de se stabiliser, la réticence à tomber sous le charme d'une femme, mais en rencontrant Jillian, cette femme qu'il a engagé pour se faire passer pour sa femme, Neal est tombé sous le charme. Plus de six mois qu'il la côtoie, plus de six mois que leur relation dure et aujourd'hui, il peut clairement dire une chose : il est de nouveau amoureux. Amoureux d'une femme qui a su le toucher, amoureux d'une femme qui lui manque sans cesse, à chaque jour qui passe. Amoureux d'une femme qu'il s'apprêtait à demander de vivre avec lui, après avoir eu l'accord de Dana, sa fille adoptive, mais il n'a pas eu le temps de l'interroger à ce sujet qu'elle lui apprenait une mauvaise nouvelle. Neal Willems est amoureux d'une jeune femme atteinte d'une maladie et qui n'en a plus pour longtemps. Neal le vit très mal, mais essaie cependant d'être présent et d'être celui qui saura réaliser tous ses rêves d'enfant.