Il est musicien, ne se prend pas la tête, boit, fume et malgré le fait qu’il peut avoir toutes les minettes du quartier de Greenfields, il l’a choisi elle. Elle qui est amoureuse, folle, délurée, vit sa vie au jour le jour sans se soucier du lendemain et qui compte accompagner son petit-ami dans le reste de sa tournée, proposition qu’il lui a faite assez rapidement. L’un comme l’autre avaient eu un véritable coup de cœur, mais ne se sont jamais pris la tête à vouloir se projeter trop loin dans l’avenir.

Seulement, en quelques semaines, alors qu’ils étaient habitués à s’amuser, la jeune fille prit de la distance, sans qu’il ne le sache pourquoi exactement. Le jeune adulte de 19 ans la harcelait sans cesse au téléphone, lui laissait des messages sur son répondeur, des messages écrits, lui demandant ce qu’il se passait, pour quelle raison elle restait silencieuse, sans obtenir de réponse, ce pourquoi son dernier message lui lança un ultimatum qui la fit réagir ; si Addie ne venait pas au départ du car, ils ne se reverraient plus jamais. Installée sur son lit, les jambes croisées, avec le portable en main pour écouter le message en boucle, Addie est prise par l’hésitation. Et d’un coup, elle lâche son ours en peluche et sort de la petite maison de ses parents, se précipitant dans les ruelles, prenant des raccourcis, pour enfin arriver près du car où se tient le groupe de musicien. Leur tournée commence enfin et elle sait qu’ils doivent s’en aller, mais elle espère tout de même qu’il en sera autrement après la nouvelle qu’elle doit annoncer. Le guitariste du groupe fait signe à Colman de regarder derrière lui et c’est étonnant, avec la bouche entrouverte, qu’il constate la présence d’Addie qu’il n’attendait plus. « Alors, tu viens ? Ca y’est, t’as fini ta crise ? » Lance-t-il, en lui faisant un signe de la tête pour qu’elle embarque avec eux. « Je ne peux pas. » Répond Addie, restant figée, sans oser faire un seul pas de plus. Exaspéré, Colman se rapproche, les sourcils froncés. « Bah quoi alors ? Tu commences à me faire chier ! Tu me donnes aucune nouvelle et quand tu m’en donnes, c’est pour venir me balancer que tu peux pas venir ? Bah casse-toi ! » S’exclame-t-il, lui faisant signe de partir. « Je suis enceinte. » A peine a-t-il eu le temps de se retourner qu’il doit à nouveau s’arrêter pour lui faire face, les yeux ronds, le cœur serré. « Quoi ? » Inutile de répéter, il a compris, mais c’est plus pour se laisser le temps de trouver autre chose pour mieux réagir. « J’en veux pas de ce gosse. » Seulement, comme son habitude, il n’a aucun tact. « Et je ne peux pas avorter. Dois-je te rappeler qu’on est en Irlande ? Que le mot « avorter » est banni de notre vocabulaire ? Que je n’ai absolument pas les moyens de dépasser la frontière ? Que vous n’allez pas- » Coupée. « Laisse tomber, fais ce que tu veux, démerde-toi, mais je veux pas de ce gosse. Et je veux pas d’une nana en cloque non plus. » Les larmes aux yeux, Addie commence à s’énerver, sans que ça ait de l’effet sur lui, puisqu’il se contente de partir sans se retourner.

Voilà comment une jeune fille de 16 ans peut se retrouver enceinte, à cause du fait qu’elle n’a pas eu le cran de demander à ses parents plus d’informations sur le comment on se protège. Voilà comment une vie qui lui semblait si belle auparavant, devient un véritable enfer suite à ça.




Par honte, la demoiselle finie par prendre la fuite pour ne pas faire face aux regards de ses parents qui auraient certainement été déçu de voir que leur fille était tombée aussi bas. Alors après avoir pris ses affaires, Addie s’est installée dans un foyer pour future mère dans lequel elle s’apprêtait à vivre neuf mois de sa vie. Neuf mois où elle haïssait le petit être qui grandissait en lui, mais elle finit par s’y attacher, à se faire une raison et à se lancer dans l’écriture d’une lettre pour ses parents en expliquant ses regrets, présentant ses excuses quant à son silence et sa fuite si soudaine. Sans donner une adresse, une fois par semaine, elle donnait de ses nouvelles.

Neuf mois plus tard, ce n’est pas un enfant qu’elle met au monde, mais deux. Et là, si son sourire reste présent sur son visage lorsqu’elle les tient dans ses bras la première fois, il disparaît en s’apercevant que la vie reste très difficile. Pour subvenir aux besoins de ses enfants, Micahël et Lucas, ainsi que les siens, elle trouve un emploi en tant que serveuse dans un pub bien réputé et fait garder les jumeaux par quelques amis, mais jamais elle ne se permet de les laisser seuls. Tout de même, malgré ses efforts, malgré qu’elle se tue à la tâche, l’argent rentrant n’est pas si énorme et elle commence à accumuler les dettes pour acheter de la nourriture, à emprunter à quelques amis des billets qu’elle ne peut rembourser et qu’ils commencent à exiger à nouveau. Ceux qu’elle pensait lui être proche et ceux qu’elle croyait qu’ils étaient là pour la soutenir lui tournent le dos et bien vite, Addie se retrouve seule avec des menaces sur le dos. Son but à présent est de trouver une solution, n’importe laquelle... C’est de cette façon, désespérée, au bord du gouffre, qu’elle atterrit sur les trottoirs, indépendante, sans personne pour la contrôler. D’abord peu confiante, elle peine à se vendre, mais les hommes n’en ont que faire tant qu’ils ont quelque chose sous la dent. Chaque soir devient à présent un rituel ; elle se lève très tard dans la journée, s’occupe de ses enfants qui sont déjà levés et qui deviennent d’eux-mêmes autonomes, puis part en soirée, laissant de l’argent s’ils veulent commander une pizza, la seule nourriture qu’ils avalent de la semaine, puisque leur mère peine à trouver du temps pour leur faire des plats sains. Il faudrait encore qu’elle ait pu les apprendre... Et après la soirée qu’elle prend comme une véritable punition, Addie rentre chez elle, se noyant dans ses larmes et se pressant vers la salle de bains pour se doucher et se décrasser de toutes les saletés que les hommes ont laissées en passant sur elle.

Si au fil des années, certains enfants auraient pu ne pas pardonner à leur mère d’agir de la sorte, Micah comprenait. C’était pour eux et bien qu’il n’aimait pas la voir partir chaque nuit, qu’il s’inquiétait de ne pas la voir rentrer, ne dormant parfois pas un œil de la nuit, il se doutait qu’elle n’avait d’autres choix et se sentait coupable vis-à-vis de ça, s’étant mis en tête que la cause des larmes de sa mère, c’était eux, plus particulièrement lui ; Micah avait toujours tendance à tenir Lucas à l’écart de tout ce qui se passait, mais il ne pouvait pas toujours être là et il l’a remarqué à l’âge de 7 ans.


Leurs 6-7 ans marquent un épisode important dans leur vie. Cette dernière n’était déjà au beau fixe, mais pensant faire bien, apporter un élément primordial, Addie se met en couple avec un homme avec de la barbe et un regard dur, froid. Pour passer un peu de temps avec lui, leur mère demandait à des amies prostituées de garder les enfants, afin qu’ils ne restent pas seuls. Et par la suite, c’est lui qui a pris la place de baby sitter. Quelques mois après que leur relation ait été dévoilée, l’homme vient vivre avec eux et commence à prendre des habitudes qu’il ne devrait pas prendre ; l’alcool, la cigarette, la drogue, sont principalement son mode de vie et bien sûr, lorsqu’elle est disponible pour lui, c’est-à-dire assez souvent, il demande des faveurs à Addie qui ne répond jamais par la négative ; ce qu’elle n’a jamais dit à personne, c’est qu’il la menaçait de mort, elle et ses enfants, si jamais elle ne lui donnait pas ce qu’il voulait et la peur était trop présente pour qu’elle y fasse quelque chose.

N’étant plus tellement satisfait, l’homme change de comportement avec Micah et Lucas. Si au début il se permettait de les engueuler à chaque fois qu’ils rentraient de l’école avec une mauvaise nouvelle, qu’ils se battaient pour faire taire les mauvaises langues, ça s’est envenimé par la suite.

Alors que les jumeaux rentrent avec leur mère qui est venue les chercher suite à une bagarre qui a éclaté et dans laquelle ils se sont mêlé tous les deux à la récréation, Faolan les observe, l’air froid, préparant sa vengeance qu’il met à exécution dès lors qu’Addie sort pour récolter de l’argent. Les premiers coups s’abattent sur Lucas et Micah est repoussé dès qu’il essaie de le protéger. « Tu en auras, toi aussi. » Micah le regarde faire, perturbé, terrorisé et s’avance toujours plus pour arrêter l’enfer, ne plus entendre les cris, ne plus voir les larmes qui roulent sur les joues de son jumeau. Et quand tout semble prendre fin pour Lucas qui, épuisé, tombe au sol, tout commence pour lui qui subit les mêmes choses, mais pour peu de temps, puisque les jours suivants, l’homme change de mode opératoire pour le rejoindre dans son lit. Les premiers temps se font discrets et les suivants plus du tout. Faolan en vient même jusqu’à obliger Lucas de regarder la scène, se sentant excité qu’un autre petit garçon puisse observer ce qu’il fait.

Se sentant sale, Micah n’arrive plus à se regarder dans le miroir, mais se montre fort pour Lucas qui a besoin d’une protection rapprochée et qu’il ne quitte plus d’une semelle, malgré le fait qu’il sache que ça ne sert à rien de riposter ; avec la faible force qu’ils ont, impossible d’arrêter Faolan dans son délire, mais Micah ne pleure jamais. Micah ne sourit plus. Micah s’efface. Micah devient mauvais et, dominant, il embarque son frère dans toutes ses conneries. Peu importe s’ils sont sages, tous les jours est un même rituel auquel ils n’échappent pas, alors autant se défouler un peu.

En apparence, Micah devient celui qu’il souhaite, avec une carapace en or, dans le but qu’on peine à l’atteindre, mais intérieurement, c’est autre chose. Détruit, ce sont ses cauchemars qui l’aident à tout extérioriser. Chaque soir c’est la même chose, chaque soir il pivote sur les côtés, sur le dos, le ventre, dérangé par les images qu’il se refuse à voir en journée, préférant se focaliser sur son jumeau ; étant l’ainé, bien que d’une minute, il s’est toujours dit devoir être là pour lui, faire en sorte qu’il souffre le moins, peu importe que lui se prend tout dans la figure, chose qu’il n’a pas vraiment réussi. Faolan, toujours là pour faire échouer sa mission et ce, jusqu’à ce qu’ils aient 11 ans.


« Merci Lucas. » est chose qu’il pense et qu’il n’a jamais pu dire. Comment peut-on remercier son frère d’être tombé dans le coma pendant quelques jours pour qu’ils soient placés dans un foyer, s’éloigner de leur mère qui ne semblait pas réagir face à la situation pourtant visible à ses yeux ? Comment peut-on remercier son jumeau de ne pas avoir pu tenir le coup face à la violence de cet homme sans cœur pour qu’ils puissent enfin être libérés ? Impossible. Et pourtant, c’est bien grâce à la faiblesse de son frère qu’ils en sont là. Après avoir passé des heures au chevet de Lucas, à lui tenir la main, lui parler de toutes les bêtises qu’il faisait, des nombreux vols dans lesquels il s’embarquait et semblant être fier, jusqu’à ce qu’il ouvre enfin un œil et qu’il l’accompagne dans ce foyer qui aurait pu être une délivrance pour eux, mais non. Comment oublier les atrocités de Faolan ? Micah n’en parle jamais, s’évade en volant dans des supermarchés avec son frère, bien qu’ils soient tous les deux arrêtés, en insultant ceux qui n’ont rien demandé. Ca va même jusqu’au racket. Des délits mineurs pour certains, mais qui s’aggravent avec le temps.

Du vol, il passe aux agressions légères, puis celles qui sont plus importantes, tout en goûtant aux produits illicites ; drogue, alcool, sauf le sexe concernant Micah qui se bloque à ce niveau-là. Etant le dominant des deux jumeaux, il arrive à convaincre Lucas de le suivre avec lui, de faire ce qu’il dit, de suivre ses nombreux plans à la lettre. Tout ça pour cacher un mal être important qui n’en finit plus. Si ça prend autant d’importance, c’est que le contact avec Faolan n’est toujours pas rompu. Celui-ci se permet de venir les voir, parfois, à la sortie de l’école, alors qu’il n’en a absolument pas le droit, pour qu’ils comprennent que tout ce qui s’est passé est un secret entre eux, qu’ils ne doivent rien divulguer, parce que si les coups ont été découvert et qu’une plainte n’a pas été déposé, les abus sont restés secrets. Si Micah avait la force de tout raconter, il l’aurait fait juste pour l’embêter, pour qu’il paie, mais se sentant honteux de ce qu’il est, de son corps meurtri, « abus », « viol », sont des termes qu’il a banni à tout jamais de son vocabulaire. Même avec Lucas il n’en parle pas. Il ne parle pas de ce qu’il a pu subir lorsque ce dernier n’était pas là, il ne parle pas de ce que son frère à pu voir sous ses yeux. Cette partie de sa vie reste un tabou. Un tabou qui le touche au plus haut point et qui lui fait verser de nombreuses larmes dès lors qu’il se retrouve seul dans la salle de bain, seul avec lui et ses souvenirs difficiles à accepter, à encaisser.




Cet emprisonnement prend fin alors qu’ils ont 17 ans en tuant Faolan, dans une ruelle. Du moins pour Lucas, qui suite à cet évènement, s’est senti libéré, contrairement à Micah qui n’a pas trouvé satisfaction dans la torture infligée à l’homme qui leur a fait tant de mal. Pourtant, il pensait que ça pourrait lui faire du bien, et ça a été le cas sur le moment, mais l’euphorie est retombée d’un seul coup ensuite. La haine s’installe donc d’autant plus, puisque même mort, Faolan continue de le hanter, de le torturer dans ses cauchemars, alors il prend la décision de continuer son train de vie, ce mauvais chemin emprunté depuis fort longtemps. Lucas, quant à lui, se sentant soulagé et libéré, lui propose de s’en aller loin de Greenfields, recommencer autre chose, oublier, mais Micah refuse, ce qui n’empêche pas son jumeau de partir en le laissant derrière lui, chose qu’il prend comme un véritable abandon de sa part. Sa haine continue de s’amplifier et Lucas fait à présent partie de celle-ci.

A présent seul, il lui faut tenter d’avancer un peu, ne plus se focaliser sur Lucas, ce traitre, et c’est ce qu’il fait, bien que d’une mauvaise façon. Il intègre un petit groupe de délinquants, se fait respecter et, rapidement, arrive à devenir le leader en virant l’ancien qui, selon lui, les ralentissait plus qu’autre chose. S’en suit mauvais coups sur mauvais coups. Des petits braquages dans différents endroits, comme des épiceries, petits commerces, dont un dernier qui tourne mal.

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12 mars 2002, Greenfields

1 heure du matin. Cette fois-ci, ils ont frappé plus gros en s’infiltrant dans une immense maison surveillée. Vêtus de noir, avec une cagoule sur la tête, les quatre hommes s’engouffrent dans la maison après avoir désactivé l’alarme. Ca fait déjà plusieurs semaines qu’ils épient le couple mariés avec deux enfants, observent les habitudes de chacun, pour enfin tenter le tout pour le tout et les voler. Silencieusement, armes en main, ils prennent tout ce qui les intéresse, tout ce qui est argenté, doré, ce qui a le plus de valeur. Micah fourre tout dans son sac à dos, puis une fois le ménage fait, ordonne à ses acolytes de le suivre et disparaître, mais sans qu’ils ne le voient venir, l’homme de maison descend les escaliers, arme en main et tire sur le groupe. Micah se retrouve blessé, les deux autres à peine touché et le dernier, gravement blessé. « Faut se casser ! » Crie l’un, en pointant son arme dans les escaliers, puis en tirant, ce qui alarme les enfants qui s’éveillent et qui se mettent à pleurer. « J’croyais qu’ils étaient pas censés être là, les mioches ! » S’exclame Micahël, en les fusillant un à un du regard, en se déplaçant sur le côté. Le père de famille hurle dans les escaliers pour qu’ils se montrent ou qu’ils dégagent tout de suite, en leur signalant que tout est filmé et que la police les retrouvera de toute manière. Foutaises ! Seulement, ce n’est pas ce que tout le monde pense, Micah le premier qui ne s’inquiète pas pour autant, puisqu’il n’a plus rien à perdre. Les coups de feu retentissent à nouveau et, n’en pouvant plus, Emrys sort de sa cachette pour tuer le père de famille, sans aucune hésitation, suivant de près le gosse qu’il peut voir en haut des escaliers. Micah se relève, l’attrape par le bras et le pousse contre le mur, encerclant son cou avec sa main. « Connard ! Faut finir le boulot, maintenant ! » Lui dit-il, en le relâchant avec haine, puis en montant les escaliers pour faire la suite du travail, évitant d’observer cet enfant mort avec du sang tout autour de lui et qui n’a rien demandé à personne. L’homme entre dans chaque pièce, jusqu’à la chambre des parents. Là, il aperçoit une femme en larmes, avec un téléphone à la main, et sa petite fille dans ses bras, en pleurs elle aussi. Doucement, elle lui murmure au creux de son oreille de ne pas avoir peur, qu’elle est là. Devant cette scène, Micah se bloque, repensant à sa mère qui n’a jamais vraiment été là pour eux lorsque Faolan se montrait horrible, bien qu’elle était là pour subvenir à leurs besoins. « Qu’est-ce que t’attends ? » Micah sort de ses pensées, tourne la tête vers son acolyte qu’il fusille du regard. Il faut finir le boulot, c’était ce qu’il disait et à présent, il doit mettre ça à exécution et si l’acte en lui-même peut être difficile, la haine qu’il ressent envers sa mère l’aide à combattre ses démons et à pointer l’arme sur la femme pour la liquider. Quant à la petite fille de 11 ans, elle s’en sort indemne grâce aux sirènes qui se déclenchent. Micah descend les escaliers en quatrième vitesse, passe devant son ami blessé qu’il tue afin qu’il ne raconte rien de ce qui s’est passé et qu’il ne les balance pas, avant de prendre la fuite, mais ils sont rapidement encerclés et se retrouvent, au bout de quelques semaines de procès, derrière les barreaux.

Suite à cet évènement, l’homme passe donc par la case prison et s’en prend plein dans la gueule pour avoir tué un gamin dans son affaire, ainsi que la mère de famille – le père, les prisonniers n’en tiennent absolument pas comptent et sont plus touchés par la femme et son enfant –, mais Micah se défend, s’endurcit. Parfois il est même obligé de saigner des hommes pour qu’on lui foute la paix, pour qu’on cesse de lui mettre des bâtons dans les roues et se mettre à plusieurs pour l’atteindre et lui rendre la monnaie de sa pièce. Cette expérience a été enrichissante et a duré 6 ans de sa vie. 6 ans, chose qui n’est absolument rien si l’on compare le carnage que lui et ses amis ont fait, mais il n’ira pas s’en plaindre. A présent, c’est la liberté qui s’offre à lui et bien que surveillé pendant la première année où il se tient à carreau en apparence pour ne pas finir une nouvelle fois enfermé, Micah reprend les mauvaises habitudes, fréquentent quelques hommes tout aussi mauvais que lui et pour gagner son pain, au lieu de prendre un boulot comme serveur, un boulot légal et qui ne demande pas énormément de diplômes, Micah s’embarque dans un trafic. Celui des armes, de la drogue, mais tout est fait discrètement pour ne pas se faire prendre. Parallèlement, il décide de se créer un projet, une boîte et le bâtiment qui lui sert à ça est rapidement mis en chantier ; avec les revenus qu’il gagne, il peut se le permette. L’argent n’est pas ce qui lui manque.

C’est un an plus tard que le club ouvre enfin ses portes, alors qu’il va sur ses 27 ans. Si au début, elle a une ambiance plutôt soft, elle devient rapidement le lieu principal de tous les délinquants, les drogués, les macs, mais surtout, ceux qui sont bien friqués. Les boissons sont souvent plus excessives qu’ailleurs, mais en garantie, les hommes peuvent baver sur les femmes qui sont employées pour danser sur la scène et se dénuder devant eux. C’est comme ça que Micah se fait un nom. Il n’est plus le petit con, le tueur qui a fait de la taule, mais plutôt le « Boss », celui qui est intimidant, celui qu’il ne faut pas croiser s’il y a un problème, celui qui se fait tout simplement respecter et ce statut lui plaît énormément. Tout comme son adolescence, on le fuit, mais la différence est qu’on l’envie énormément aussi. Micah est le genre d’homme à avoir tout ce qu’il souhaite, à être courtisé par toutes les femmes qui fréquentent son club. Elles sont toutes à ses pieds, tentent de le séduire, sans pour autant qu’il ne montre une once de désir ; froid, difficile à satisfaire, toutes les femmes qui se sont frottées à lui sont reparties avec la déception sur le visage, mais certaines n’en ont jamais terminé, se persuadant qu’elles finiront par le combler d’une manière où d’une autre. C’est pour tout ça qu’il n’a pas de difficulté à exiger tout et n’importe quoi de son entourage. Il dit, on fait.

En contre partie de son accord pour que les différents « gérants » des prostituées puissent les ramener dans ce lieu et se trouver des clients friqués, que ce soit encore plus sécurisé qu’à l’extérieur, Micah peut toucher à la marchandise sans déverser de la monnaie, même pas un billet. Il peut même en avoir plusieurs le même soir ; tout est possible quand on s’appelle Micah O’Clery. De cette façon, après avoir pris un verre à son bar, en observant les différentes proies qui s’offrent à lui, l’homme choisi ses biens. Parfois, on lui propose des nouveautés, sans qu’il ne demande rien, juste pour faire bonne impression auprès de lui et il ne rechigne pas. Alors s’est installé le rituel de mettre ses bras autour des épaules des demoiselles, puisque souvent elles sont deux, et de les faire monter à l’étage, dans sa suite, là où ils passent une soirée assez... particulière. Ces femmes-là ont souvent l’habitude de prendre quelques décisions, d’aguicher, de tenter, de mettre à l’aise les hommes, mais avec Micah, c’est tout le contraire. Il met assez mal à l’aise. Lorsqu’on est avec lui, on ne sait jamais réellement à quoi s’attendre.

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Retirant sa veste, Micah ferme la porte derrière lui et les deux jeunes femmes qui viennent de prendre place dans la pièce. L’une d’entre elles se rapproche et pose une main sur son torse qu’il repousse immédiatement. « C’est moi qui décide. » Dit-il, alors qu’il constate la surprise sur le visage de la brune. « Je demande, vous faites, est-ce clair ? » Inquiètes, elles acquiescent toutes les deux et le regardent s’installer sur un fauteuil, croisant une jambe et retenant sa tête de tomber avec son index, semblant réfléchir. « Déshabillez-vous. » Demande-t-il, sans même les regarder. Elles s’exécutent alors et commencent à retirer leurs vêtements, mais Micah secoue la tête. « Ensemble. Partagez-vous la tâche. Etes-vous incompétentes ?! » S’exclame-t-il, agacé. Légèrement apeurées et déstabilisées, les deux femmes se mettent face l’une à l’autre et retirent les vêtements de l’autre. Micah prend un malin plaisir à les humilier, à leur demander des choses qu’elles n’auraient jamais osé faire auparavant. L’homme s’installe alors face à elles et ne quitte plus la scène du regard, ordonnant chaque geste qu’elles doivent faire, interdisant qu’elles prennent d’elles-mêmes des initiatives, aimant contrôler le tout. Et quand, enfin, elles commencent à prendre un peu de plaisir, qu’elles se détendent, Micah se joint à la partie, toujours en leur donnant un rôle bien défini à respecter à la lettre, sans quoi il aurait pu se mettre en colère.

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Assez régulièrement, à cause de cauchemars qui ne le quittent pas depuis son adolescence, Micah est de mauvaise humeur et quand c’est le cas, il ne faut surtout pas qu’il y ait une seule erreur, sinon il frappe fort. Les employés ne pourront dire le contraire.

L’homme descend les escaliers, puis prend place dans le club, vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise de la même couleur. Observant l’ambiance, les employés, Micah cherche la moindre erreur et ça s’aperçoit rapidement, puisque les employés commencent à s’activer. La tension monte d’un cran et un serveur renverse un verre sur un client qui commence à s’énerver. Voilà ce qu’il attendait. D’un air calme, mais froid, Micah s’approche de son employé et lui fait signe de s’en aller, avant de rattraper le coup auprès du client et de lui offrir un verre, tout en lui présentant une demoiselle vêtue d’une manière très légère et qui sera là pour lui tenir compagnie à moitié prix s’il le désire. Après cet incident, Micah pose sa main sur l’épaule de son employé, prend son plateau qu’il pose sur le comptoir et regarde le responsable du bar. « Payez-lui sa journée, comme son habitude. Quant à vous, je vous recommande de vous trouver un nouveau travail. » A-t-il compris ce qu’il souhaite dire ? « Vous êtes viré. » Ajoute Micah, de mauvaise humeur, en prenant un verre de whisky que lui a servi le responsable du bar, sans même lui demander, puisqu’il connait ses habitudes ; Micah est là, Micah est le premier servi. L’homme disparaît dans la foule, puis s’installe sur un fauteuil, verre en main, pour boire un coup. Ceux qui tentent de le déranger se font rapidement envoyer balader. « Tu sembles de mauvaise humeur. » Ose dire Graham, en se plaçant sur le fauteuil d’à côté. Graham, c’est l’un de ses plus grands amis. Il le connait depuis quelques mois qui ont suivi l’ouverture du club, mais ce n’est pas pour autant qu’il a plus de pouvoir que les autres. Il a juste la chance de s’approcher de Micah, de s’installer juste près de lui, ce qui n’est pas donné à tout le monde. « Depuis quand es-tu intelligent ? » Lance-t-il, avec un ton de reproche. Graham s’écrase alors, garde le silence pendant une minute, laissant Micah boire quelques gorgées de son verre alcoolisé. « Et si tu te détendais ? J’ai ce qu’il te faut ! » S’exclame-t-il, d’un air enjoué, en affichant un lger sourire. Micah tourne le liquide dans son verre, puis le boit d’une seule traite avant de poser brusquement le verre sur la table. « J’en doute. » Répond Micah qui se lève et qui s’éclipse de la salle, regagnant sa suite.

A peine s’est-il écoulé cinq minutes que quelqu’un frappe à la porte et c’est donc encore plus de mauvaise humeur qu’il ouvre la porte. « Je ne souhaite pas qu’on me dérange, tu n’as pas encore compris ? » Graham qui se tient devant lui avec un air désolé, lui fait un signe de la tête pour lui montrer la demoiselle derrière lui. « Je te jure que c’est un bon coup... ! Encore hier je l’ai goûtée. Une merveille. Elle se laisse facilement faire et pourrait... Je ne sais pas... Te détendre un peu. » Micah réfléchit un instant, puis se laisse convaincre en ouvrant sa porte en grand et en s’engouffrant dans la pièce. Graham se tourne alors vers la blondinette pour lui mettre la pression, lui informant qu’elle n’a pas le droit à la moindre erreur, que si Micah n’est pas satisfait de sa présence, c’est lui qui en prendra pour son grade et qu’elle risque très fort de le payer. Evidemment, Micah entend toute la conversation, mais n’en a que faire ; il est habitué à ce genre de choses et il aime ça.

Adossé contre le mur, il jette un œil à la demoiselle qui entre timidement dans la pièce, osant à peine le regarder. Contrairement aux autres qui l’aguichent sans hésiter, celle-ci semble être plus ou moins fraîche et perdue. Micah la laisse se repérer, pas par gentillesse, mais pour la voir agir. « Ferme la porte. » Ordonne-t-il, alors qu’elle s’exécute sans faire un seul mouvement supplémentaire, mais, très vite, après avoir croisé le regard froid de Micah, l’inconnue prend sur elle et se rapproche de lui, dirigeant une main hésitante vers lui, mais il l’en empêche. « Soumets-toi à moi. J’ordonne, tu exécutes. » C’est toujours ce qu’il répète, parce qu’il aime dominer et que les jeunes femmes se sentent toujours obligée de faire le premier pas par habitude. « Tourne-toi. Lentement. » Demande Micah, l’observant se tourner de manière maladroite. L’homme la regarde de haut en bas, observe ses formes, ses jambes dénudées, puis remonte petit à petit. Ses cheveux tombent joliment sur ses épaules et son regard qui se plante à nouveau dans le sien est bien triste, mais encore une fois, il n’en a que faire. Tout ce qui l’intéresse, c’est de profiter d’elle et de se détendre, ce qu’il commence à faire en effleurant ses épaules du bout des doigts, avant de stopper le contact et de se poser sur son fauteuil, comme il le fait souvent pour observer ses proies. « Approche. » Toujours hésitante, l’inconnue s’exécute tout de même, se rapprochant comme demandé. Micah place une main sur sa taille pour qu’elle se retrouve à quelques centimètres uniquement, ses jambes écartées pour laisser place aux siennes. Là, il lui demande de se dévêtir en le regardant dans les yeux, ce qu’elle fait. Lorsque l’homme lui demande de danser pour lui, elle le fait aussi, lorsqu’il lui demande de se toucher sous ses yeux, elle s’exécute. Jamais elle ne lui fait part d’un désaccord et jamais elle ne semble surprise par ses envies. C’est surprenant, lui qui étonne toujours tout le monde, il se retrouve avec une demoiselle qui semble s’être faite à l’idée qu’elle pourrait faire tout et n’importe quoi.

Suite à leur première rencontre, Micah demanda à Graham de la lui envoyer assez régulièrement. Jamais Ô grand jamais il n’était habitué à ressentir un tel désir pour une femme, sans même coucher avec elle, mais avec celle-ci, c’était différent. Il suffisait qu’elle soit maladroite pour que ça lui plaise, pour attiser son désir, bien qu’elle n’y voyait que du feu étant donné qu’il restait toujours le même homme avec une froideur exemplaire. Pour la première fois, il tenta aussi une nouvelle expérience ; celle de filmer les différentes séquences. Là, il pouvait les regarder quand bon lui semblait. Cette fille, Rebecca, était sa favorite et il ne supportait pas que quelqu’un d’autre puisse accéder à ses faveurs, ce pourquoi il paya Graham pour qu’il cesse son trafic. Il lui proposa même une somme énorme pour qu’il la lui vende. Si au début, il refusa, hésitant, sentant que pour la première fois, il était au-dessus du patron, il finit par accepter en voyant la somme devenir énorme et par peur de la perdre, qu’il se lasse, il accepta la demande, à condition de la garder une dernière nuit avec lui. Micah, peu réjouit, céda, mais le regretta dès le lendemain ; Graham était mort et Rebecca avait disparu. La garce.


Une de plus, dix de retrouvés... C’est la phrase que ses plus proches amis lui ont répété. Seulement, Micah n’a jamais été habitué à se focaliser sur une autre chose que son premier souhait, ce pourquoi il mit plusieurs personnes sur le terrain pour retrouver cette demoiselle, ordonnant à tous de la lui ramener vivante et de, surtout, ne pas la toucher. Il n’y a que lui qui a ce droit et uniquement lui, mais tout ce qui appartient au Boss est source de jalousie. On veut souvent ce qu’il a et là, pour certains, Rebecca était la bonne occasion. « Je vais la retrouver cette chienne et tu vas voir comment je vais la baiser ! » S’exclame un homme, peu respectueux, au téléphone. Micah qui ne devait pas être là, fait quelques pas, pour s’arrêter derrière lui et écouter le reste de la conversation sans se cacher. « Après je la lui ramènerai et je demanderai à ce qu’il me file mon pognon pour récompense ! » Mécontent, il se racle la gorge pour lui faire part de sa présence et c’est surpris qu’il se retourne, lui faisant face, lâchant soudainement son portable sur le sol qui se casse en plusieurs morceaux. La batterie d’un côté, la carte SIM d’un autre, quant au portable, il est parti se cacher sous un petit meuble. « C’était... pour rire. » Dit-il, en s’efforçant de sourire, mais voyant l’air froid qui ne quitte pas le patron, il reprend très vite, sur la défensive : « C’est qu’une pute ! On s’en balance ! » S’exclame-t-il, paniqué. Ca tourne en règlement de compte. Micah sort son couteau, caresse la lame et le regarde avec mépris, se rapprochant soudainement de lui pour lui trancher la gorge et le laisser sur le sol. « Nettoyez-moi ça. » Dit-il, à l’agent de sécurité qui s’exécute sans rien dire, se débarrassant du corps ensuite. La manière l’importe peu, tant qu’il ne le retrouve pas le lendemain et tant qu’on n’en parle pas dans les journaux. Qu’il le découpe en morceaux, Micah n’en a que faire.

Quelques jours plus tard, alors qu’il sortait d’une chambre d’hôtel, ayant passé sa nuit avec la fiancée de son jumeau qui est de retour en ville, dans le but de se venger de lui, de lui faire comprendre qu’il n’a pas oublié son abandon, un homme l’attend pour se venger du meurtre précédent. Et cette fois-ci, le règlement de compte ne tourne pas en sa faveur puisqu’il prend un gros coup sur la tête. C’est le lendemain qu’on le retrouve et qu’on l’emmène à l’hôpital dans lequel il reste plus d’un mois dans le coma. A son réveil, c’est le trou noir. Ses souvenirs ont disparu. Micah ne sait absolument plus rien. Ni de ce qu’il était autrefois, ni de ce qu’il est à présent.